
VOIXYAGE
en Poésie
by
Malala Guindo
Etre poète
Est-ce rajouter une étoile ou deux
dans le ciel bleu nuit,
interroger le monde sur sa beauté infinie ?
Est-ce écrire des vers
à l’endroit ou à l’envers,
montrer du doigt l’horizon derrière la mer ?
En fin de compte,
je ne saurais comment
décrire, définir
Ce qu’est « être poète »
Enfin, pas vraiment.
Mais de tous temps je sais que la poésie
n’appartient pas qu’à ceux
qui ont du talent
Nul besoin d’épreuves
ni de drames incessants
La poésie,
C’est ce mot choisi parmi des millions
ce facteur qui sonne à la porte de sa maison
C’est cet appel que l’on n’attendait pas
ce cœur qui bat plus fort que les autres fois
C’est placer un pont entre deux solitudes
et danser dessus au son des incertitudes
Finalement,
Tant qu’il y a du bruit
à l’endroit du cœur
Nul besoin de comprendre le langage des fleurs,
Pour être poète à sa façon
être poète un jour,
être poète en tout temps.
Malala Guindo
Chanteuse, auteure, poète, pédagogue de la voix
Malala Guindo
Chanteuse, auteure, poète

Ce que je n'ai jamais dit ...
J'écris des poèmes depuis
... presque trente ans.
Je les appelle mes
"Little Blumoons".
Aussi loin que je me souvienne,
mes petits poèmes,
mes "Little Blumoons"
m’ont permis
d’apaiser des maux
par les mots,
mon regard sur moi-même,
le monde et les autres
qui le partagent avec moi.
Mais mon égo m'a joué des tours.
Et je l'ai soigneusement caché à mon entourage
et au reste du monde
de peur que l'on trouve ça mièvre ou sans intérêt.
Un jour,
j'entends un appel à la radio.
Une agence de communication "de luxe"
organise un concours national
de poésie.
Uh ?
Le principe :
Sur le thème de l'amour
(plus mièvre que ça, tu meurs),
écrire un poème et l'envoyer par la poste.
Tout le monde peut participer.
Le jour même,
j'envoie un petit poème,
un "Little Blumoon"
que j'avais déjà écrit.
Un mois après,
le jury rend son verdict :
mon petit poème,
mon "Little Blumoon" remporte le premier prix.
Mais encore une fois,
mon égo me joue des tours
et je ne le dis à personne,
pensant que ça n'a rien d'exceptionnel
puisque, ça se trouve,
personne d'autre n'a participé.
C'est donc seule
que je me rends à la soirée de célébration,
qui a lieu à l’hôtel Hilton de Tanà
(diminutif d'Antananarivo)
et que j'assiste au défilé de mode et au concert
qui précèdent la remise des prix.
Il y a au moins trois cent personnes.
Pour un concours de poésie ?
Je me sens en apesanteur,
entre deux mondes
et n'appartenir,
ni à l'un ni à l'autre.
Des gens viennent me parler
avec enthousiasme
mais leurs visages sont flous.
La vérité,
c'est que je n'ai aucun espace en moi
pour recevoir tout ça.
J'empoche le prix et m'en vais.
Sur un plateau...

Je pense que l'histoire se finit là mais ...
les jours qui suivent, tout s'enchaîne.
La radio organisatrice m'invite sur le plateau de diffusion
pour lire mon petit poème,
mon "Little Blumoon" gagnant.
Quelque chose s'ouvre en moi.
J'accepte.
Pour la première fois,
je pose ma voix sur mes petits poèmes,
mes "Little Blumoons"
et, tandis que je leur donne vie à travers elle,
je n'ai pas le temps de me rendre compte
que je ne me cache plus
aux yeux du monde.

Vingt ans plus tard...

C'est ici,
à Etretat,
ivre de bleu sur cette falaise
que je comprends enfin.
C'est limpide, fluide, incandescent.
Je prends l'ampleur
de la poésie instinctuelle,
de mes "Little Blumoons"
et de tout ce cela signifie pour moi.
Je crois bien qu'ils ont un super pouvoir :
celui d'ouvrir le coeur.
Et j'imagine toutes les actions
qu'on peut mener
quand on a le coeur ouvert.
Alors, je m'assois
et
j'écris un nouveau petit poème,
un nouveau "Little Blumoon"
qui s'intitule "Être poète"
Tant qu’il y a du bruit
à l’endroit du cœur
Nul besoin de comprendre le langage des fleurs,
Pour être poète à sa façon
être poète un jour,
être poète en tout temps.