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Aussi loin que je me souvienne,

j'ai toujours écrit des poèmes.

Cela doit bien faire trente ans maintenant.

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Je les appelle mes

 

"Little Blumoons".

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Ils m’ont permis

d’apaiser des maux

par les mots,

mon regard sur moi-même,

le monde et les autres 

qui le partagent avec moi.

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Mais mon égo m'a joué des tours.

Et je l'ai soigneusement caché à mon entourage

et au reste du monde

de peur que l'on trouve ça mièvre ou sans intérêt.

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Un jour,

j'entends un appel à la radio.

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Une agence de communication "de luxe"

organise un concours national

de poésie.

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Le principe :

Sur le thème de l'amour

(plus mièvre que ça, tu meurs),

écrire un poème et l'envoyer par la poste.

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Le jour même,

j'envoie un petit poème,

un "Little Blumoon" 

que j'avais déjà écrit.

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Un mois après,

le jury rend son verdict :

 mon petit poème,

mon "Little Blumoon" 

remporte le premier prix.

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Mais encore une fois,

mon égo me joue des tours

en me faisant penser que ça n'a rien d'exceptionnel

puisque, ça se trouve,

personne d'autre n'a participé.

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C'est donc seule

que je me rends à la soirée de célébration,

qui a lieu à l’hôtel Hilton de Tanà

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et que j'assiste au défilé de mode et au concert

qui précèdent la remise des prix.

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Il y a au moins trois cent personnes.

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Pour un concours de poésie ?

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Je me sens en apesanteur,

entre deux mondes

et n'appartenir, 

ni à l'un ni à l'autre.

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Des gens viennent me parler

avec enthousiasme

mais leurs visages sont flous.

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La vérité,

c'est que je n'ai aucun espace en moi

pour recevoir tout ça.

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J'empoche le prix et m'en vais.

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